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«Daniel Viglietti se souvient de Mario Benedetti» - Traduction

Sábado 9 de octubre de 2010, por Daniel Viglietti

Le récital «Daniel Viglietti se souvient de Mario Benedetti» a été présenté à la Maison de l’Amérique Latine le 8 octobre 2010.

Nous partageons ci-dessous le programme qui a été distribué au public à cette occasion, avec la traduction d’une ligne conductrice de ce que Daniel Viglietti dit pendant le spectacle.

Ce texte vivant varie sensiblement lors de chaque représentation, et ne contient pas les rappels, que Viglietti a présenté directement en français.

Bonsoir, nous allons évoquer le souvenir de Mario Benedetti, des rencontres, des dialogues, notre notre travail commun, …

Je vais commencer avec un solo de guitare. Et ce n’est pas un hasard, car Mario une fois m’a raconté qu’il avait l’habitude d’écrire en écoutant de la guitare. Il n’écrivait pas en entendant des chansons, car les paroles le distrayaient. Je vais donc commencer avec un « Air de style » qui faisait partie de notre travail en duo.

Aire de Estilo (Instrumental)

Ma relation avec Benedetti démarre dans les années ’60, alors que nous travaillions tous deux dans la revue MARCHA dirigée par Carlos Quijano. On se croisait aussi dans divers événements, appelons les « de la main gauche ». Ce fut dans ces temps-là que je mis en musique son poème « Cielito de los Muchachos » (Petit ciel des jeunes). Je vous chante ici la version originale que
j’ai enregistré dans l’album « Canciones Chuecas » (chansons tordues [1]).

« Cielito de los muchachos », paroles Mario Benedetti, musique Daniel Viglietti.

Ensuite, en exil, nous nous sommes rencontré avec Mario à Buenos Aires, où il s’est sauvé de peu d’être une victime de plus de la « Triple A » [2].

Ensuite il s’est réfugié dans le Pérou de notre bienaimé poète César Vallejo, et finalement à Cuba avec sa compagne Luz, où il a conduit un intense travail à la « Casa de las Américas ». en équipe avec Haydée Santamaría et Roberto Fernández Retamar.

Je l’ai rencontré à Cuba en 1978 et je me souvient de choses qui, tout en étant très logiques dans sa manière d’être, m’ont beaucoup ému. Son humilité dans le rapport avec les gens, les fonctionnaires et employés de la Casa de las Américas, qui l’adoraient. Son austérité dans l’appartement qu’il partageait avec Luz à Alamar, un quartier de la côte où se concentraient beaucoup d’exilés latino-américains, à une heure de bus – de « gua gua » comme disent les cubains – du quartier du Vedado, transport qu’il attendait et prenait tous les jours pour aller à son travail à la Casa de las Américas.

Là on s’est mis à discuter de nos exils respectifs. De son ami Zelmar Michelini, qui avait été assassiné en 1976 et à qui il a dédié un poème qui commence avec une citation de « Milonga de andar lejos » (Milonga de quand on est loin).

«Milonga de andar lejos », paroles & musique Daniel Viglietti

Lors de cette rencontre à la Havane, on a reçu un message du Mexique, nous invitant tous les deux à participer à un événement de solidarité avec le peuple uruguayen et contre la dictature.

En parlant de ce que chacun de nous deux allait faire à cette occasion, a surgi le souvenir de la guerrillera paraguayenne Soledad Barrett. Quelques années auparavant elle s’était réunie avec Mario et avec moi, comme si c’était une fée qui cristallisait notre amitié. Soledad, qui a rejoint la lutte pour la libération du Brésil, a été assassinée à Recife, en 1973.

Évoquant son souvenir, on s’est rendu compte que Mario avait écrit un poème sur elle, et moi composé une chanson. Et c’est comme cela qu’une étincelle s’est allumée, et que nous nous sommes dit : Et si nous les mêlons ? Et nous avons entrelacé ce poème et cette chanson. Ce fut à la salle Nezahualcoytl, dans la ville de Mexico, il y a déjà plus de trente ans. C’est comme cela qu’est né notre récital « A dos voces » (À deux voix).

« Soledad Barrett », poème de Mario Benedetti, chanson,
paroles & musique Daniel Viglietti,
« Defender la Alegría » (Défendre la joie), poème de Mario Benedetti
« Identidad » (Identité), paroles & musique Daniel Viglietti

Lorsque Mario a dirigé la collection de poésies et chansons « A viva voz », il m’a demandé, avec sa délicatesse habituelle, quel titre donner aà l0ouvrage me concernant. Je lui ai demandé de le choisir lui, et là, j’ai découvert que, parmi mes chansons, celle qu’il préférait est la chanson d’amour qui suit :

« Ana Clara », paroles & musique Daniel Viglietti,
« Che », poème de Mario Benedetti,
« Che por si Ernesto », paroles & musique Daniel Viglietti,
« Allende », poème de Mario Benedetti,
« Por todo Chile », paroles & musique Daniel Viglietti,
« Bandoneón » (Bandonéon), poème de Mario Benedetti,
« No tan gotan », paroles & musique Daniel Viglietti,
« Desaparecidos » (Disparus), poème de Mario Benedetti,
« Otra voz canta » (Une autre voix chante), paroles & musique Daniel Viglietti,
« País Verde y Herido » (Pays vert et blessé), poème de Mario Benedetti.

Ce soir — comme tant de fois auparavant lors du récital «A dos voces» — les poèmes que l’on a entendu sont de Mario Benedetti, et je suis l’auteur de la plupart des chansons. Cependant, on avait l’habitude d’introduire parfois des chansons d’autres auteurs avec qui nous avons des affinités. La chanson qui suit est de celle que je me plais à nommer comme la seule Violeta qui est née d’une Parra [3]. Je l’alterne ici avec les vers de « Refranívocos ».

« El diablo en el paraíso » (Le diable au paradis), paroles & musique Violeta Parra,
« Refranívocos », poème de Mario Benedetti.

Une autre confluence, comme celle de Soledad, a été celle de Roque Dalton, le poète salvadorien que nous avons tous deux connu et admiré.

« Daltónica » (Daltonienne), paroles & musique Daniel Viglietti
« País Verde y Herido » (Pays vert et blessé), poème de Mario Benedetti,

Ces luttes qui nouns ont tant ému et avec lesquelles Mario a toujours su être solidarie: le Salvador, le Guatemala et cette première étape du Nicaragua
Sandiniste, au milieu de cette joie de la rencontre entre Mario et Erensto Cardenal.

Interview de Mario Benedetti :
J’ai un poème qui s’appelle «Disparus» et il se réfère à cette impression que j’ai eue. Il figure dans le récital que nous allons faire mercredi prochain avec Daniel Viglietti au cinéma Plaza.

Nous nous sommes retrouvés, c’était à la Havane, je crois. Nous étions amis depuis longtemps.

Alors on s’est raconté ce que chacun faisait et on a trouvé, non pas 12, mais 3 ou 4 sujets sur lesquels lui avait fait des chansons et moi des poèmes.
Alors on s’est dit: Il va falloir faire quelque chose de cette coïncidence!

On nous avait invité du Mexique pour un récital en solidarité avec l’Uruguay dans la salle Nezahualcoyotl - il a fallu apprendre ce nom qui n’était pas facile - .
Le programme était: moi je devais lire des poèmes, après la Camerata Punta del Este, qui était d’Uruguay, et Daniel qui allait chanter quelques chansons.

Nous avons décidé, Daniel et moi, au lieu de nous produire séparément de le faire ensemble. Et ce fut la première fois que le duo a eu lieu, le duo «À deux voix».

Et c’était bien, les gens ont beaucoup aimé, alors on a décidé de recommencer...


On modifiait toujours quelque chose dans notre «A dos voces». Poèmes et chansons entraient et sortaient. Avec «Cielito de los Muchachos», que j’avais mis en musique en 1971, il est arrivé quelque chose de particulier. C’était important pour moi d’inclure dans notre duo, ce premier poème que j’avais chanté de lui. Quand je le lui ai proposé, en 2005, il a été d’accord, mais il a voulu y ajouter quelques vers. Tout à l’heure je vous ai chanté la version originale de 1971. Maintenant, celle qu’il a modifiée, influencé sans doute par des idées et des action des temps présents, qui veulent être nouveaux, du moins du côté de notre Amérique Latine.

Pour les studieux de l’œuvre de Mario — qui ne sont pas peu — je précise que la nouvelle partie qu’il a écrite va de «Puntería no es tan sólo...» (bien viser n’est pas seulement) jusqu’à «Cielito de las ideas, Cielito de la utopía» (Petit ciel des idées, petit ciel de l’utopie).

« Cielito de los muchachos », paroles Mario Benedetti, musique Daniel Viglietti.
Version 2007.

Traductions: Daniel Viñar

Les traduction des paroles de présentation de Daniel Viglietti sont sous licence Art libre

L’interview de Mario Benedetti, les titres des chansons, et tout ce qui se réfère aux œuvres sont soumis au droit des auteurs respectifs

Notas

[1Quelqu’un qui boite est dit « chueco ». Le titre de cet album est repris d’une chanson qu’il contient : « El chueco Maciel », qui rend hommage au « boiteux Maciel » qui « vole la banque et partage avec le bidonville ».

[2La « Triple A » était la police secrète argentine, ou plutôt milice, qui perpétua les rapts de la dictature.

[3Littéralement: La seule Violette qui est née d’une Vigne. Violeta Parra est un peu l’Edith Piaf chilienne.

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