El mudo es, primeramente, el poeta. Este libro ha nacido del asombro provocado por un pensamiento poético de Andrés du Bouchet : « invariablemente, soy, en la lengua, el mudo ». El poeta es el mudo qua habita la lengua y que la hace hablar. Combate con las palabras, quiere que ellas lleguen a lo inalcanzable, lo que está sumergido en la memoria y que no pertenece al lenguaje, aquello que sólo « la lengua extranjera » que escribe los bellos libros (Marcel Proust), es capaz, en los raros momentos de la emoción poética, de aprehender algunos signos para hacerlos oir y ver.
El mudo es el infans, inmerso desde su nacimiento en un baño de palabras que no puede comprender. Es el niño primitivo, desaparecido y sin embargo presente, el niño mudo que sin cesar hace hablar de él. Surge de las trazas de las las vivencias, de las experiencias sensibles más precoces, las que nos han marcado para siempre y que nunca han sido dichas. Esta lengua muda es la que el analizando intenta traducir en palabras, la que el analista procura oír durante las sesiones o cuando escribe y ensaya transmitir la experiencia analítica. Ella es la métafora de lo que el lenguaje no logra alcanzar, y que, obstinado, se esfuerza en decir.
El autor explora las fronteras donde la palabra emerge del silencio, donde una lengua se traduce en otra. Siguiendo el paradigma del pensamiento freudiano, que no cesó de confrontar el psicoanálisis a las obras de los grandes escritores, trata de oír en la palabra poética y en aquella dicha en las sesiones, más alla de sus radicales diferencias, lo que ambas testimonian de la relación fundamental que el hombre mantiene con el lenguaje.
El infans en un políglota que puede aprender cualquier lengua. Se elogia con frecuencia el plurilinguismo, pero el autor recuerda que el políglota es muchas veces un exilado de todas las lenguas. Él mismo bilingüe, nos invita a oír al niño extranjero que habita en la lengua natal, la de la poesía, la de la infancia, aquella que se intenta reencontrar en la experiencia del psicoanálisis.
Un capítulo de este libro está dedicado a Lautréamont
(“Lautréamontevideo” “Elotroenmontevideo”) y otro a la poesía de Juan Gelman (“Entre los muertos y los vivos, el poema”).
Le muet, c’est d’abord, le poète. Ce livre est né de l’étonnement provoqué par une pensée poétique d’André du Bouchet : « […] invariablement je suis dans la langue le muet ». Le poète est le muet qui habite la langue et qui la fait parler. Il combat avec les mots, il veut qu’ils saisissent l’inatteignable, ce monde enseveli dans sa mémoire qui n’appartient pas au langage et dont seule la « langue étrangère » qui écrit les beaux livres (Marcel Proust) est capable, dans les moments rares de l’émotion poétique, d’appréhender quelques signes pour les faire entendre et voir.
Le muet, c’est l’infans, immergé depuis sa naissance dans un bain de paroles qu’il ne peut pas comprendre. Il est l’enfant primitif, l’enfant disparu et présent qui nous habite, l’enfant muet qui sans cesse fait parler de lui. Il surgit des traces d’expériences vécues, des vivances, de l’éprouvé sensible le plus précoce qui nous a pour toujours marqué et qui n’a jamais été dit. Cette langue muette est celle que l’analysant essaye de traduire en paroles, et que l’analyste tente d’entendre pendant les séances ou lorsqu’il écrit pour essayer de transmettre l’expérience analytique. Elle est la métaphore de ce que le langage ne peut pas rejoindre et qui, obstiné, il s’efforce de dire.
L’auteur explore les frontières où la parole émerge du silence, où une langue est traduite dans une autre. En suivant le paradigme de la pensée freudienne, qui n’a pas cessé de confronter la psychanalyse avec les œuvres des grands écrivains, il essaye d’entendre dans la parole poétique et dans la parole dite dans les séances, au delà de leurs radicales différences, ce que l’une et l’autre témoignent de la relation fondamentale que l’homme entretient avec le langage.
L’infans est un polyglotte qui peut apprendre n’importe quelle langue. On fait souvent l’éloge du plurilinguisme. L’auteur rappelle que le polyglotte est souvent un exilé dans toutes les langues. Lui même bilingue, il nous invite à entendre l’enfant étranger qui habite dans une langue natale, celle de la poésie, celle de l’enfance, celle qu’on essaye de retrouver dans l’expérience de la psychanalyse.
Un chapitre de ce livre est consacré à Lautréamont (“Lautréamontévideo”), un autre à la poésie de Juan Gelman (“Entre les morts et les vivants, le poème").
L’auteur
D’origine uruguayenne, Edmundo Gómez Mango a été chef de clinique psychiatrique à la Faculté de médecine de Montevideo et professeur de littérature générale à l’école normale de cette ville. Il exerce aujourd’hui la psychanalyse à Paris. Il est membre titulaire de l’Association psychanalytique de France. De lui, les Éditions Gallimard ont déjà publié La Place des Mères (Connaissance de l’inconscient, série Tracés, 1999) et La mort enfant (Connaissance de l’inconscient, série Tracés, 2003).